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MAUTHAUSEN

Iakovos Kambanellis

Iakovos Kambanellis

HISTOIRE :

 

Iakovos Kambanellis (1922-2011), écrivain, dramaturge, et considéré souvent comme le père du théâtre contemporain, a été déporté à Mauthausen de 1943 à 1945. Le récit de ses années de camp et des mois qui ont suivi sa libération en mai 1945 par les Américains est paru en Grèce en 1963, la même année que « La Trève de Primo Levi en Italie » et « Le Grand Voyage de Jorge Semprun en France ».

 

Par son réalisme, sa narration vive et précise, Mauthausen est un tableau hallucinant où alternent les tragiques années de camp, les souffrances endurées, l'inhumanité, la logique infernale des SS, et les mois d'après la libération dans le chaos d'un monde disloqué où tout est joie, espoir et stupéfaction de réapprendre simplement à vivre.

 

Témoignage autant de l'expérience personnelle de l'auteur que de celles de ses codétenus, mêlant le malheur et la folie, le grotesque et l'absurde, Eros et Thanatos, Mauthausen laisse au lecteur une intense impression d'humanité tant il exprime une expérience aux limites de l'indicible, métamorphosée en chant de résistance et de vie exceptionnel.

 

MON AVIS :

 

Comment écrire l'indicible, comment expliquer cette horreur. Iakovos Kambanellis avait attendu vingt ans pour réunir ses notes, livre publié la première fois dans les années 60, et traduit pour la première fois en français.

 

 

L'auteur alterne, les périodes d'après la libération du camp par les américains, ces quelques mois entre mai et août 1945, où les détenus reviennent lentement à la vie mais doivent vivre sur le lieu de leur enfer avant de pouvoir regagner leurs pays.

Les dépositions auprès de l'armée américaine réveillent les haines et les douleurs, les survivants rêvent d'une justice immédiate.

 

 

Mauthausen camp situé en Autriche à côté de Linz est réservé aux prisonniers « irrécupérables et asociaux, autrement dit personnes en détention préventive dont la rééducation est improbable ».

Les « 186 marches de l'escalier de la mort » symbolisent Mauthausen.

 

 

Un grand récit qui parle d'amour, d'amitié, de solidarité et de résistance. L'auteur alterne les styles, change de rythme dans son récit, de ton pour rendre compte du vécu concentrationnaire.

 

 

L'auteur nous décrit les rouages de l'organisation du camp à l'époque des SS. Le parcours de l'auteur, les différents « kommandos », les hasards qui lui sauvent la vie. Ce vécu tellement hors norme dans la folie du camp.

 

 

J'ai trouvé que ce texte est simple, très pudique, le naturel du ton employé contraste avec les horreurs décrites. Les exécutions par pendaison, la chambre à gaz, balle dans la tête, épuisement, malnutrition.

 

 

Sa volonté de demeurer humain face à l’innommable, une façon de résister au mal, l'humour qui permet de lutter contre la souffrance. La qualité de ces récits tient à la façon très naturelle de raconter. Une très belle langue, limpide, vivante, insolente.

Une écriture vraie, pour expliquer comment la vie et l'amour, sous les traits de Yannina la jolie Lituanienne, reprend ses droits. L'amour de la vie, une envie, une énergie qui se dégage des chapitres.

 

 

Malheureusement la libération du camp, va amener d'autres problèmes, les Juifs voulant aller en Palestine, l'Europe divisée en deux, communistes et non communistes,

le « Plus jamais çà », allait être difficile à tenir.

 

 

Malgré le sujet difficile, ce livre vaut vraiment la peine d'être lu, pour rendre hommage à tous ceux femmes et hommes, à qui on a volé leur liberté et qui se sont retrouvés dans cette folie meurtrière.

 

L'écriture est vraiment belle, certaines scènes sont racontées avec humour, il est vraiment dommage que juste après leur retour, sous prétexte de reconstruction les déportés n'ont pas été plus écoutés, ce sentiment qu'il fallait tourner la page. En lisant ce livre nous rendons hommage au Matricule 37734.

 

Bonne lecture à vous, je vous souhaite une merveilleuse découverte.

 

Kalou