Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'ODEUR DE LA FORET

Hélène Gestern

Hélène Gestern

HISTOIRE :

 

Une correspondance incomplète, des clichés clandestins, un journal codé, voilà les premières cartes du jeu de patience que va mener Elisabeth Bathori, une historienne de la photographie, et qui l'emmènera bien plus loin qu'elle ne le pensait. Car L'Odeur de la forêt est une traversée de la perte, à la recherche des histoires de disparus, avalés par la guerre – la Première puis la Seconde Guerre mondiale -, le temps et le silence.

 

Mais ce roman ample, prolifique, multiple, célèbre aussi et surtout la force inattendue de l'amour et de la mémoire, lorsqu'il s'agit d'éclairer le devenir de leurs traces : celles qui éclairent, mais aussi dévorent les vivants.

 

 

MON AVIS :

 

Au hasard de mes déambulations dans les rayons de la bibliothèque de mon quartier, j'ai découvert Hélène Gestern que je ne connaissais pas, le titre m'a attiré ainsi que le résumé, et je suis partie dans le sillage d'Elisabeth Bathori avec enthousiasme, j'ai eu l'impression de m’immerger dans ce roman qui se lit presque comme une intrigue policière.

 

 

Elisabeth (historienne de la photographie), rencontre Alix de Chalendar qui lui donne à expertiser les archives comprenant la correspondance de guerre régulière de son jeune oncle avec un des grands poètes « post-symboliste » de l'époque Anatole Massis et les photos que son oncle Alban de Willecot mort au front en 1917, avait pris de la vie quotidienne de ses camarades dans les tranchées.

 

 

Quelques mois après cette rencontre Elisabeth apprend qu'Alix de Chalendar a fait d'elle son exécutrice testamentaire, et lui lègue sa maison de Jaligny dans le Bourbonnais, charge pour elle de fleurir la tombe de sa fille et de continuer les recherches.

 

 

Cet oasis de verdure, de paix et de douceur, son jardin de roses vont permettre à Elisabeth de commencer sa renaissance et de reprendre le fil de son existence, après la perte douloureuse de son grand amour disparu.

 

 

Elisabeth se plonge dans les recherches, les investigations rigoureuses pour mettre à jour les vérités cachées dans tous les documents récoltés.

 

 

Les lettres et photos envoyés à Massis par Alban amputés par la censure militaire. A partir des dossiers récoltés, elle découvre celui qui lui est devenu proche, met en place des pièces du puzzle de sa famille, de ses amis, du front.

 

 

Elle remonte le temps et la mémoire pour reconstruire cette « histoire » au coeur de la « grande ».

 

 

Dans cette lecture attentionnée des lettres d'Alban, revient le prénom de « Diane » jeune fille fantasque passionnée de sciences et de langues anciennes, trop libre, et intelligente pour cette époque qui ne demandait aux femmes de sa caste que de faire un mariage de négociation d'intérêts entre deux familles.

 

 

Le journal crypté de « Diane Nicolaï » va entraîner Elisabeth et nous sur de fausses pistes, puis de révélation en révélation, nous emmener jusqu'au Portugal. Le fils de Diane nous menant jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale.

 

 

Nous allons découvrir un autre personnage mystérieux « Tamara » jeune fille juive survivant sous le régime de Vichy ayant appartenu à un réseau de résistance.

 

 

Nous retrouvons le thème de la mémoire, de la renaissance, de ce que les vivants doivent aux morts, c'est un récit intime et collectif, contemporain de tous ces drames passés. De tous ces destins tragiquement fauchés par les guerres.

 

 

 

On se promène en France dans cette période qui peut sembler lointaine, une certaine douceur de vivre avant la « Grande Guerre », dans les maisons cossues où se réunissent les familles. L'entre deux-guerres, les années folles qui n'étaient que les prémices du drame qui allait suivre.

 

 

Le siècle défile sous nos yeux, peut être une opportunité pour renouer de façon apaisée avec notre propre passé.

 

 

J'ai découvert l'écriture d'Hélène Gestern, belle, fluide, raffinée, élégante et très recherchée. Son texte est un mélange, de journal, correspondance, narration directe, son écriture est au plus près de l'émotion, quand elle parle de son grand amour perdu, et nous nous sentons encore plus proche d'elle.

 

 

 

C'est aussi une dénonciation par la découverte des photos interdites pendant longtemps, des soldats fusillés pour l'exemple. D'un Etat-Major borné pour qui la vie de ces hommes avaient si peu d'importance.

 

 

 

C'est un hommage discret aux femmes qui n'avaient droit que de se taire et de suivre le destin imposé par les hommes (père ou mari). Hommage aux maisons abandonnées, lourdes d'héritages, de souvenirs, naissances, succès, la vie tout simplement.

 

 

J'ai vraiment aimé passionnément ce livre que j'ai quitté à regret, je me suis attachée aux personnages et à Elisabeth. Je suis consciente que ce pavé de presque 700 pages ne peut plaire à tout le monde.

 

 

Si vous aimez l'histoire (la grande et la petite), des personnages très proches de nous avec leurs doutes et leurs espoirs, c'est aussi un hommage à l'écriture. Si un jour au hasard de vos lectures vous avez envie de lire ce beau roman très documenté, alors j'aurais une grande joie de le savoir. Bonne lecture à vous.

 

Kalou